Un morne repas [TERMINE]

J'étais définitivement dégoûté. Ces enfoirés m'ont pris ma basse. Apparemment, j'ai pas le droit de l'avoir en lieux communs, avec d'autres détenus... Parce qu'il on peur qu'on les tabasse avec. Ça fait à peine deux jours que je suis là, ça y est, je les hais. Je chasse tant bien que mal ces pensées de ma tête et j'attrape un plateau à la cantine et me fait servir l'espèce de purée difforme. Je sais même pas ce que sais, quand l'ampoule s'allume au dessous de ma tête.
-DU VOMI! Criai-je tellement fort qu'on m'entendit dans toutes la cantine.
La grosse meuf qui servait de serveuse, visiblemet vexée, pris une grosse louche de vomi avant de le verser dans mon assiette. Merde.

En rogne, je m'assoie sur la seule table non complète. En face d'un type aux cheveux rouge, super... Je remue le vomi dans mon assiette avec ma cuillère.
-'Lut. Dis-je brièvement au type devant moi.

Je regarde la nouvelle venue.

-Un conseil, mange pas c'truc, même mon chien en voudrait pas.

Je croise les bras et m'enfonce dans mon dossier en la toisant du regard. Elle se sent fraîche pour l'instant, ça se voit.

Je jouais avec le vomi, j'en prenant dans ma cuillère avant de le reverser dans mon assiette.
-Mouais. De toute façons c'est pas comme si j'avais envie de manger le dégueulis de quelqu'un.
Je soupira.

-T'es arrivée quand exactement ? Ils t'ont déjà fait l'examen médical ?

Je la fixe de mon regard doré. Autant s'informer, j'ai personne avec qui parler. Tous des déglingués.
Je l'examine vite fait. Qu'est ce qu'elle fout là ? Elle est toute menue. Elle est pas là pour violence, c'est clair.

Tiens, tiens, il est bien curieux celui-là. En même temps c'est pas comme si la moitié des pensionnaire était des malades mentale...
-Deux jours. Pas encore, ils ont paumé mon carnet de santé et attende de le retrouvé pour faire l'exam'. J'le ferais demain. Ou après-demain. Ou après-après-demain. J'en sais rien.
Ça me fera pas de mal de parler un peu.

-T'es là pour quoi ? T'as tué toute ta famille et t'étais tellement malade qu'ils t'ont pas mise en prison pour pas que tu sois blessée comme les trois quarts des personnes ici ? Ou t'es saine d'esprit comme le petit pourcentage qui reste ?

Je hausse un sourcil.

Je croise les bras et met mes pieds sur le table.
-Cambriolage majeur et vol à l'étalage. Ah oui, j'ai aussi foutu un pain au clebs du proprio. Bref, des conneries d'ado quoi. A toi de jugé si je suis cinglé ou...
Je fit des guillemet avec mes doigts.
-... Normal.

-On va te classer dans les normaux. Je crois être un des seuls qui regrette ses actes. Personnellement j'ai tué une de mes soeurs et j'ai plongée l'autre dans le coma. Je suis pas une tapette mais c'te connard d'avocat a rien fait pour me défendre non plus.

Je fronce les sourcils et tapote nerveusement la table en repensant à cet enfoiré. J'lui ai filé mon fric et il m'a envoyé ici.

Je détourna le regard, cherchant un ciel bleu derrière la pluie et les nuages gris.
-Un avocat ? Toi au moins, t'en avais un. Si en plus de l'amande mes vieux devait payez un avocat, ils seraient SDF dans des tentes.
J'abandonne l'idée de chercher un quelconque ciel et regarde le jeune homme.
-Et toi donc, t'y es depuis quand ?

-Depuis six mois. J'arrive à me débrouiller pour avoir des clopes avec les trois quatre pas trop atteints ici, mais c'est dur.

Je la regarde un instant et bois un verre d'eau. Buark, elle a le goût du liquide vaisselle.

-Si t'as besoin d'un truc j'peux t'aider, t'as pas l'air d'une extrême folie. Déjà, laisse pas le docteur te toucher. Où que ce soit. Tu lui dis que t'es clean, y'a aucune maladie dans ta famille ni sur toi et tu te casses, lui laisse pas le temps de t'examiner.

Je frissonne en repensant à ma visite.

-Et tu retournes jamais le voir. Plus jamais. Si t'es malade tu fais du marchandage de médocs avec les autres. T'auras toujours quelques camés pour te dépanner.

J'écoute attentivement. Manquerait plus qu'le doc' soit un lolicon à la cinquantaine chauve.
-Merci du conseil.
Je repensa à son histoire de clope. Je sors un paquet de la poche arrière de mon pantalon et lui tends discrètement sous la table.
-J'ai trois quatre paquet dans mes valises, t'inquiètes. Chuchotai-je.

J'attrape le paquet que je range dans ma poche et finis par lui sourire légèrement.

-Merci. Fais gaffe à pas te les faire piquer par les autres pensionnaires. Si ta valise est pas fermée à clés ils vont venir tout te voler.

Je montre une chaîne autour de mon cou.

-J'suis obligé de la porter tout le temps sur moi.

J'écouta vivement ces conseils. Mieux je me porterais, plus vite je pourrais quitter cette asile de fou sans en devenir un.

-Ça ira, ils sont dans un double fond. Quand l'heure de la bouffe est finit je file cadenassez tout ça.

Je regarda la chaîne autour de son cou.

-On a tous droit à ça ?

-Ouais, ils en ont besoin pour t'identifier. On est numérotés comme des bestiaux. La maison de correction c'est censé être moins pire que la prison, tu parles, c'est quasiment la même chose.

Je baisse les yeux vers la bouille qui prenait une teinte verdâtre au fur et à mesure qu'elle restait à la lumière.

-C'est pas comestible c'est pas possible...

Je regarde autour, quelques grands malades avaient fini leurs assiettes.

-Ca fait 6 mois que je suis ici et j'mange jamais rien, ceux qui mangent ça c'est les nouveaux.

Je finis par relever la tête.

-Au fait, tu t'appelles comment ?

Pendant un instant, je regretta d'avoir porté des colliers de force toutes ces années.
Je souris légèrement via sa remarque sur la bouffe immangeable.

-Alix. Alix McFreely, précisai-je.

-Moi c'est Ian. Barrett pour les gardiens qui me gueulent dessus.

Je réfléchis.

-Tu vas être dans le quartier deux, j'pourrais pas beaucoup t'aider à part pendant les temps libres.

-Toujours bon à savoir...
Je me gratta le bras. Son prénom interpella, d'habitude c'était que des japonais avec des prénoms chelou...
-Tu viens d'où ?

-Irlande. J'ai grandi là-bas chez une vieille tante moisie, j'suis venu une jourrnée à Tokyo et ils m'ont coffré ici plutôt que dans mon habitat naturel.

Je soupire.

-Ils m'ont interdit de revoir ma petite soeur qui a survécu.

J'entre dans le réfectoire. On devrait appeler ça un infectoire.
La serveuse me sert de la bouillasse.
_Pff même un gamin d'trois ans fait mieux. C'est quoi s'truc dl'a me*de !
Je pars m'asseoir a une des rares tables de libre.
Un gars au cheveux rouge et une fille y sont installés.
_Salut les gens. J'm'asseois ici, ok ?

Puis je balance ma bouffe par terre.
_Manquerais plus qu'je mange s'te merd* --'.

Je regarde la nouvelle venue.

-Ils vont te faire ramasser quand l'heure du repas sera finie.

Je lève les yeux au ciel.

Je m'apprêtais à répondre à Ian quand une nouvelle venue s'incrusta.
-Mh, mh. 'Lut.

_Rien a foutre.
J'dérange ?
vous vous appelez comment ?
J'ose meme pas boire.

-Moi c'est Ian.

Je toise la fille. Bon, une malade mentale de plus visiblement.

-Tu devrais pas jouer ta rebelle, moins tu te fais remarquer, moins tu resteras ici.

Je vérifie que la cantinière ne regarde pas avant de verser la bouille dans le pot de fleur près de la fenêtre.

-Y'a pas beaucoup de meufs saines dans le quartier 2, la plupart sont des shootées, faites gaffe.

_Me prends pas pour une malade mentale ^^
Hum merci des conseils !
Euh ... quelqu'un a des clopes ?
J'espère que ils en ont T.T!